Les souvenirs de Sophia : les salons ELLEWOOD

Mon premier déjeuner avec les Bringstone.

Automne, 1955

     Eli avait décidé de me rendre visite un dimanche après-midi mais elle avait aussi décidé de faire d’une pierre deux coups. Puisque mon employeur était un homme d’affaires, pourquoi ne pas le rencontrer durant sa visite ?

     Elizabeth n’avait peur de rien et elle avait contacté Monsieur BRINGSTONE pour avoir un déjeuner d’affaires avec lui. Après un premier refus, Monsieur BRINGSTONE avait fini par accepter. Madame BRINGSTONE avait appris qu’Eli était une amie, de ce fait, elle m’a invitée à déjeuner avec eux. C’était du jamais vu, une gouvernante déjeuner à la même table que ses employeurs et à leur domicile qui plus est. C’était incroyable. Je ne me sentais pas à ma place pendant ce déjeuner.

- Dites-moi, Mademoiselle ELLEWOOD, pourquoi je devrais investir dans vos salons de coiffures ?

- Les femmes auront toujours besoin de se faire couper les cheveux, ainsi que les hommes. Les femmes auront toujours envie d’avoir de belles coupes de cheveux pour aller à des événements importants. Monsieur BRINGSTONE vous voudriez que votre femme vienne à un repas d’affaires avec une jolie robe mais une coupe de cheveux qui laisse à désirer ? Bien évidemment, Madame BRINGSTONE, je ne doute pas que vous sachiez-vous coiffer. J’en ai la preuve sous les yeux, votre coiffure est magnifique.

- Merci, dit timidement Madame.

- Mais, continua Elizabeth sans prêter attention au « merci » de Madame, les coiffeurs permettent aux femmes d’entretenir leurs cheveux et de leurs faire les dernières coupes de cheveux à la mode. Chez ELLEWOOD nous aimons les cheveux et nous aidons les femmes à en avoir de beaux grâce à des produits naturels et de qualités. Nos coiffeurs et coiffeuses sont formés dans la meilleure école du pays et nous les envoyons faire des formations dans les meilleures écoles de France et d’Italie pour qu’ils se perfectionnent.

     Je regardais mon amie avec admiration. Elle n’avait pas peur de parler, de se mettre en avant, de vanter les mérites de sa société. Elle n’avait pas peur de dire à un homme ce qu’il devait faire avec son argent. Je ne sais pas ce qu’elle serait devenue si Madame Rosa ELLEWOOD ne l’avait pas adoptée mais grâce à elle, Elizabeth avait trouvé sa voie. J’espère que Madame Rosa était fière de sa fille adoptive et qu’elle considérait qu’elle avait fait le bon choix. J’aurais aimé avoir la ténacité, la fougue et l’audace d’Elizabeth.

     Deux rendez-vous après ce déjeuner d’affaires non-officiel, Monsieur BRINGSTONE avait accepté d’investir dans les salons de coiffure ELLEWOOD. Un nouveau salon vit le jour quelques mois plus tard à Édimbourg. Le premier d’une longue liste dans le nord du pays. Monsieur BRINGSTONE avait fait un bon investissement qui rapporte encore de l’argent à sa famille à ce jour.